Annales rédigées par M. I’Abbé Isidore DUCHEMIN de 1859 à 1889
La paroisse de Ferrières a cessé de faire partie du Diocèse de Beauvais au moment du concordat de 1801. Jusqu'à cette époque, sa limite, du côté de Gournay était la Rivière Epte. La rue dite de Ferrières appartenait à cette paroisse jusqu'au moulin. Le 18 septembre 1813, l'église de Ferrières fut érigée en chapelle communale par décret de l'Empereur. Le 9 janvier 1822, une ordonnance du roy a conféré à cette paroisse le titre de succursale.
Reconstruction de l'église en 1864
L'église de Ferrières menaçait ruine depuis longtemps. La construction de la nef remontait au XIIe siècle. Cette église avait été brûlée à une époque qu'il n'est pas possible de préciser. On a eu la preuve de cet incendie lorsqu'on a démoli les murs de la nef : une partie des pierres et du mortier à l'intérieur était calcinée, plusieurs pièces de bois enclavées dans les murs ont été entièrement carbonisées.
Le clocher placé entre le chœur et la nef était soutenu par six piliers en bois posés sur le sol. Le balancement des cloches causait un ébranlement qui mettait en mouvement toute la charpente de l'église et qui se faisait sentir jusqu'au bas des murs.
Les murs de la nef avaient deux mètres de moins en élévation que ceux du chœur et étaient percés de chaque côté de trois croisées d'inégale grandeur.
Il n'existait pas de chapelles. Deux petits autels se trouvaient placés à l'entrée du chœur. La dépense occasionnée par la construction récente d'une maison d'école et d'une mairie dont la commune était privée, avait forcé Monsieur le Maire à ajourner le projet conçu depuis longtemps, de proposer au conseil municipal la restauration de l'église.
La maison d'école a été bâtie en 1854. Le 10 novembre 1860, le conseil municipal comprenant l'urgence de la restauration de l'église, autorise M. le Maire à faire dresser un plan et devis pour la reconstruction de la nef et la construction de deux nouvelles chapelles. Ces plans et devis dressés par M. Dauphiné, architecte à Rouen, montant à la somme de 21.000 Fr. sont adoptés par le conseil municipal qui, avec l'adjonction des plus imposés, vote la dépense. Cette dépense se répartit ainsi : 1.000 Fr. chaque année pendant 10 ans. Imposition de six centimes pendant dix ans et un centime pendant la septième année de cette imposition extraordinaire. Une souscription volontaire avait produit 4.000 Fr. L'État est venu en aide par un secours de 5.000 Fr., qui sont entrés en déduction sur l'imposition extraordinaire qui n'a été perçue qu'une année.
Les travaux ont été exécutés pendant les années 1864 et 1865 par les frères Bloquet, entrepreneurs à Gancourt-Saint-Étienne.
Le 5 février 1865, le conseil municipal approuve le décompte des travaux.
Les cloches
Une sonnerie de trois cloches très harmonieuses et formant entr'elles un accord irréprochable avait été fondue à Aumale en 1806. La plus grosse de ces trois cloches a été cassée en 1852 et remplacée par une nouvelle cloche qui ne se trouvait plus en harmonie avec les autres.
En 1863, la plus petite cloche de cette sonnerie disparate a été cassée. Le conseil de fabrique (c'est ainsi que l'on désignait le conseil paroissial à l'époque) à l'occasion de ce nouvel accident, a voulu augmenter la force de la sonnerie et a voté l'acquisition de deux nouvelles cloches devant former accord de tierce majeure avec la moyenne conservée pour devenir la plus petite cloche de cette sonnerie. Ces deux nouvelles cloches ont été fondues à Paris par M. Dubuisson-Gallois. La plus grosse pèse 652 kg, la moyenne 430 kg et la petite fondue en 1806 pèse 274 kg. Une souscription ouverte dans la commune a produit douze cents francs. Le conseil municipal a bien voulu se charger de payer au fondeur le reste de la dépense.
Le 6 juillet 1865, M. l'Abbé Caumont, vicaire général, est venu bénir ces deux nouvelles cloches.
Le parrain de la plus grosse est Monsieur Charles Malbert, baron de Lachaise, général de brigade commandeur de la Légion d'Honneur, commandeur des ordres de Saint-Georges des deux Siciles et de Saint-Grégoire le Grand, propriétaire du château de Ferrières. La marraine est Madame de Metz-Noblat, née Marie de Lachaise. Cette cloche a été nommée Marie, Charlotte, Léontine. Le parrain de la deuxième cloche est M. Thomas Michel Dupont, maire de Ferrières ; et la Marraine, Madame Charles Gervais, propriétaire. Les noms de cette cloche sont Caroline, Angélina.
Lambris de la nef et des chapelles
Tout le bois qui a servi à la construction des lambris placés dans la nef et les chapelles a été donné par M. le Comte d'Osmoi, propriétaire et par Mademoiselle Vingttrois.
Sur la proposition de M. le Maire, le conseil municipal a voté les fonds nécessaires pour faire niveler le terrain du cimetière et pour le faire entourer complètement de murs ; établir un escalier en pierres de taille et clore les deux entrées par des barrières en fer.
Le conseil municipal a également voté la mise en place d'un paratonnerre sur le clocher.
Bénédiction de l'Église de Ferrières, Jeudi 14 Juin 1866
En présence de M. Dupont, maire ; M. L‘Abbé Isidore Duchemin, curé de Ferrières, Monseigneur Henri de Bonnechose, cardinal du titre, de Monseigneur Clément, archevêque.
Selon le témoignage écrit d'une personne ayant assisté à la cérémonie :
En sortant de cette belle église, félicitations à tous les habitants de leur généreux élan pour la restauration du temple saint... N'oublions pas de féliciter M. le curé de l'orgue qu'il a fait lui même pour son église, et dont les sons mélodieux ont charmé les oreilles de tous les assistants, sous la noble inspiration et les doigts agiles de M. l'abbé MAILLARD, curé de Saint-Lucien...
Restauration du Grand Orgue
Pendant 43 ans l'orgue a animé tous les offices religieux. En 1919, il devient hors d'usage et ce n'est que dix ans plus tard qu'il retrouve son souffle grâce à M. Henri Firmin, facteur d'orgues à Paris-Granville.
De nouveau, les années viennent à bout du valeureux instrument, malgré les soins attentifs de M. André Feuillet, organiste, et de son ami M. Charles Patinot.
En 1983, il faut se rendre à l'évidence, l'orgue est devenu définitivement muet. L'année suivante, sur la proposition du conseil paroissial, et de M. I'Abbé Jean Claire, doyen de secteur ; et sur la présentation d'un devis établi par MM. Gervais père et fils, facteurs d'orgues à Rouen, le conseil municipal accepte de participer à une restauration complète. Le financement est assuré par : le Conseil Général de la Seine-Maritime, la Commune de Ferrières et la Paroisse (don du Père Claire).
Les spécialistes ont eu fort à faire avec la mécanique : une grande partie des pièces mangées aux vers, ont été réparées ou changées : boursettes, soupapes, équerres, peignes, barres de transmission, crochets, porte-vent ...
Le système de transmission a dû être modifié ; les sommiers, pièces maîtresses de l'instrument, ont été refaits à neuf ; les deux claviers irréparables, ont été remplacés par des nouveaux, dotés d'une mécanique complètement transformée.
L'orgue de l’église de Ferrières n'a plus rien de comparable avec l'instrument fabriqué au siècle dernier par un prêtre " bricoleur ", avec des accessoires disparates récupérés çà et là, notamment à l'abbaye de Bellozanne …
Les réparateurs ont tenu la gageure de faire fonctionner de nouveau, l'orgue de l'église Saint-Martin : "Tel qu'il se présente aujourd'hui, il vivra encore dans cent ans" affirme Eric Gervais, successeur de Maurice Gervais, son père.
Quelques figures connues, ayant joué sur l’orgue de Ferrières depuis 1921 :
- Albert et Abel Diguet
- 1923 : M. Finet
- 1923 : M. André Feuillet, qui a reçu le 27 août 1963 la médaille de Saint-Louis, en récompense de 40 ans de son dévouement à l’église de Ferrières.
Curés & prêtres
Les curés de Ferrières depuis 1923
- M. l’abbé Gautier
- M. l’abbé Gilles, grand musicien.
- M. l’abbé Michel
- M. l’abbé Décultot (qui a suscité la réfection de vitraux en dalles de verre éclaté, exécutés par Bernard Legrand de Rouen en 1957).
- M. l’abbé Desrues
- M. l’abbé Corruble (remplaçant)
- M. l’abbé Cousineau (qui a, avec les paroissiens eux-mêmes, restauré et réaménagé le sanctuaire et la nef, dans l’esprit de la réforme du Concile Vatican II en 1966, 1967 et 1968).
Prêtres de Gournay, desservant Ferrières
- M. l’abbé Roger Anquetil
- M. l’abbé Jean Claire
- M. l’abbé Adolphe Desjardins
- M. l’abbé Christian Lejeune
- M. l’abbé Pierre Didon