Les origines
Comme la racine du mot le sous-entend, Ferrières fait référence à un lieu où l’on extrait du minerai de fer. Une industrie florissante devait sans doute déjà exister dans la région à l’époque Gallo-Romaine et peut-être même avant …
Le nom de Ferrières est cité dans un acte de Charles le Chauve qui fixe l’étendue des biens de l’abbaye de Saint-Denis (document daté de … 862 !). Et en 1190, un Adam de Ferrières souscrit à la charte de fondation de l’abbaye de Bellozanne. A cette époque, Ferrières et les paroisses alentour : Le Forêt, Hardencourt et Laudencourt, font partie des conquêts de Hugues de Gournay ; elles sont administrées par un sénéchal … Un siècle plus tard, plusieurs seigneuries se partagent le territoire de la localité.
En 1425, Henri Potin, futur évêque et administrateur du diocèse de Rouen, voit le jour au château du Manais. A l’époque, le jeûne en période de carême est strictement réglementé. Le prélat obtient de l’Église que la consommation de beurre et de lait soit autorisée ; faveur qui contribue à l’essor du commerce normand, et brayon en particulier.
En reconnaissance, le peuple finance par des aumônes la construction de la tour de la cathédrale de Rouen dite tour de Beurre. Mgr Potin la bénit le 18 mars 1487.
En 1435, sous le règne de Charles VII, c’est près de Laudencourt, dans un lieu nommé Les Épinets, que le Comte d’Arundel, dont les troupes anglaises occupaient Gournay, fut battu par La Hire et ses cavaliers. Blessé, Arundel, lieutenant du Duc de Bedford, fut transporté à Beauvais où il mourut trois mois plus tard.
Longtemps, Ferrières et ses hameaux ont fait partie du diocèse de Beauvais et leur rattachement à Rouen et à la Seine Inférieure date du Concordat signé par Bonaparte et le Pape Pie VII (1802).
Les Seigneuries de Ferrières
Le Manais
À l’emplacement du château actuel, il existait déjà, au XIIème siècle, un manoir seigneurial. Son propriétaire, Adam de Ferrières, vassal de son puissant voisin, Hugues V de Gournay, figure parmi les signataires de la charte de fondation de l’abbaye de Bellozanne à Brémontier.
En 1730, un château est construit à l’emplacement du manoir. En 1789, il appartient à Pierre de Gueudré, secrétaire du Roi ; il devient en 1790 propriété du marquis de Roygemont, qui le revend en 1802 au Comte Duval du Manoir, futur chambellan de Napoléon 1er.
En 1816, il est acquis par le baron Jacques de La Chaise, maire de Beauvais, puis Préfet du Pas de Calais. Et il reste dans cette famille jusqu’en 1934. Des plaques mortuaires le rappellent dans le transept de l’église Saint Martin.
Laudencourt
En 1789, le château appartenait au marquis d’Espies. Il fut détruit en 1830. Il reste un colombier qui situe l’emplacement de la demeure seigneuriale. Non loin de là, un lavoir alimenté par une source rappelle le temps où l’adduction d’eau n’existait pas.
Hardencourt
Moulin, pressoir banal et four à pain ont appartenu au seigneur du lieu. Du moulin, il reste près du ruisseau de la Bourbière la maison du meunier. Le pressoir banal et le four à pain ont disparu au XVIIIème siècle.
L’église Saint Martin de Ferrières
L’église primitive du XIème siècle est du ressort du Seigneur de Gournay. Quant à la paroisse, elle fait partie du diocèse de Beauvais jusqu’au Concordat signé par Bonaparte et le Pape Pie VII en 1802. L’édifice, déjà profondément remanié aux XIIIème, XVème et XVIème siècles, est presque entièrement reconstruit en 1864.
Le clocher axial et central, qui menaçait de s’écrouler, est supprimé ; il est remplacé par une tour carré surmontée d’une flèche hexagonale, à l’entrée de la nef. Sa base est aménagée en porche ; un modeste transept est ajouté à la nef.
On peut encore y voir trois plaques mortuaires : dans l’aile sud, celle de Pierre de Gueudré ; dans l’aile nord, celles des barons Jacques et Adalbert de la Chaise, anciens seigneurs et propriétaires du château du Manais.
Côté sud, l’autel de la chapelle de la Vierge est orné de quatre colonnettes enlevées aux autels situés autrefois à l’entrée du chœur. Côté nord, la chapelle est dédiée à Saint Martin, patron de la paroisse.
Le chœur, du 15ème ou 16ème siècle, est la partie la plus ancienne de l’église ; il est éclairé par trois fenêtres gothiques de création récente. Les autres fenêtres de la nef et du transept sont étroites et romanes.
Tous les vitraux, en dalles de verre éclaté, ont été exécutés par Bernard Legrand en 1957. Ils évoquent les passages les plus marquants de la Bible jusqu’à la Résurrection du Christ, au centre de la fenêtre du transept sud. Entre 1966 et 1968, le sanctuaire et la nef sont de nouveau restaurés et réaménagés dans l’esprit de la réforme liturgique et de Vatican II, et en harmonie avec les vitraux, sous l’impulsion du Père Michel Cousineau et avec le concours des paroissiens.
Les lambris des murs et le berceau en lamelles de bois datent du 19ème siècle. En revanche, les bancs de la nef ont été acquis à l’époque où le Père Cousineau était curé de Ferrières. L’orgue, fabriqué en 1866 par l’Abbé Isidore Duchemin, a été restauré en 1929 par M. Henri Firmin, facteur d’orgues à Paris-Granville, et en 1989 par MM. Gervais, père et fils, facteurs d’orgues à Rouen. Les 8 stalles (il y en avait 18 à l’origine) proviennent de l’église Notre-Dame de Gournay, détruite après la Révolution.
La chaire a appartenu à l’église Saint-Hildevert … Des gravures antérieures à la Révolution nous la montrent dans la collégiale de Gournay-en-Bray.
Le Monument aux Morts
1919-1920 vit naître le monument aux morts sur le terrain de l’ancien cimetière près de l’église face aux écoles. Le statuaire en fut M. Martinet. Le sujet adopté est unique dans la région : pas de coq, pas de soldat, pas de baïonnette, pas de croix de guerre, pas de rameau d’olivier mais une femme très digne coiffée du bonnet phrygien. C’est la France républicaine.
Ce monument porte aujourd’hui les noms des 54 morts de la guerre 1914-18, les 4 victimes de celle de 39-45 (2 au champ d’honneur - 2 en captivité), les 22 victimes civiles (16 en 1940, 1 en 1941, 2 en 1943, 2 en 1944 et 1 en 1966 suite à ses blessures) et le soldat tué en Algérie le 11 juillet 1956.
Liste des victimes de la guerre de 1914-1918 :
TERRAIN Paul
DELZENNE Charles
GODOT Henri
PELLETIER Marcellin
DEVISMES Joseph
THOMAS Raymond
SANNIER André
FROUARD Fernand
JEAN Émile
PINBOUEN Albert
CORMON Arcade
DE NOIRET Maurice
HELIN Joseph
FERET Charles
DUMONTIER Eugène
DUMESNIL Arsène
HOUSSAYE Émile
BONDU Ernest
PLÉ André
PARISY Charles
VISSE Venant
LEBEAU Léon
MAGNIER Eugène
COCAGNE Paul
DIACRE Armand
MERIEUX Raoul
DEVILLERVAL Arthur
DUMONTIER Paul
LE FRANC René
PRÉVOST Adrien
LEBOURGEOIS Alfred
LEGUEULT Eugène
AUBRON René
DUMONTIER Henri
BREQUIGNY Gaston
CROSNIER Julien
PELLETIER Alphonse
GAUTIER Victor
FAGOT Léon
BOUCACHARD Mary
BRAIVE Maurice
NOTTIAS Gaston
TISON Albert
CHARPENTIER Arcade
ALIX Eugène
MAUVIEL Gustave
ROBERT Adren
PETIT François
LE SAVÉANT François
TERNARD Arthur
ONUSRISOKICO Marie
FOLLET Désiré
CARDOT Marcellin
NOYON Prosper
Les victimes de la guerre de 1939-1945 :
Morts au Champs d'Honneur : DURIER André, GAUTIER Bernard
Morts en captivité : DESQUATREVAUX André, GOUALIN Georges
Victimes civiles en 1940 :
Mme BERNARD née HOUEL
BERTIN Jules
BUNEL Simone
CHEVALIER Nicole
DESQUATREVAUX Irène
DIACRE Germaine
DOUCET Lucien
FURET Marcel
GRENON Fernand
HENRY Alphonsine
HERTOUX Eugène
Mme veuve HERTOUX née LEBOURG
HERTOUX Micheline
HERTOUX Mireille
HUBERT Célina
Mme MERLIN née GRAUX
Victimes civiles en 1941 :
BAVANT Juliette
Victimes civiles en 1943 :
GERARD Jean
Mme GERARD née BERDELLÉ
Victimes civiles en 1944 :
AUGUSTE Michel
CAUDRON René
Victime décédée des suites de ses blessures en captivité :
1966 - THIREL Robert
Mort pour la France - Tenira ALGÉRIE :
CARON Henri Arcade le 11 juillet 1956
La Mairie de Ferrières
Liste des Maires depuis 1792
1792 : M. HAUTECLOQUE Louis
1793 : M. DANJOU François
1808 : M. BLAINVILLE Nicolas François
1809 : M. ROHAUT Dominique
1816 : M. CANU Jean-Charles
1839 : M. LARCHER Claude
1848 : Mme BÉRENGER Marie
1852 : M. DUPONT Michel
1870 : M. BEAUDOIN François
1875 : M. GERVAIS Charles
1888 : M. GERVAIS Paul
1894 : M. COURTY Émile
1912 : M. GERVAIS Paul
1914 : M. LEROY Jules
1919 : M. BEAUDOIN Émile
1922 : M. DELAFONTAINE Louis
1926 : M. PARÉSY Émile
1939 : M. GAVREL Robert
1959 : M. CHAUFFERT Gérard
1965 : M. ANQUETIN Maurice
1982 : M. MOLLET Marcel
1989 : M. BERNASCONI Antoine
1995 : M. CRAMOISAN Pierre
2005 : M. MAINEMARE Michel
2008 : Mme DEVILLERVAL Marie-France
Réélue pour le mandat en cours 2020-2026
Le Carré Frais
Au milieu du XIXème siècle, Madame Hérould vient s’installer à la ferme du Manais pour développer la fabrication d’un fromage mis au point en suivant les conseils de son vacher suisse : le petit-suisse, un mélange de caillé et de crème fraîche. Charles Gervais, commanditaire aux halles de Paris, le trouve délicieux. Et il décide de le commercialiser dans la capitale. Il achète à Madame Hérould ses droits d’exploitation. L’expansion est fulgurante. Elle oblige Charles Gervais à déménager.
La fromagerie est installée en 1869 dans la ferme de l’Estre. Quatre ans plus tard, en 1873, la fromagerie industrielle est inaugurée et Gervais lance le demi-sel (le « carré frais »). En 1944, l’usine est bombardée. Reconstruite après la guerre, elle ne cesse de se développer.
En 1967, Gervais s’associe à Danone et en 1973, Gervais-Danone entre dans le groupe BSN. La société, qui dispose à Ferrières de terrains importants, construit en 1973 et 1974 une nouvelle usine dans le prolongement de la première, puis elle donne naissance en 2009 à la plus grande unité de produits frais d’Europe …
Le Château de la Folie
A l’entrée de Ferrières-en-Bray, au croisement de la route de Gerberoy (C.D. 930) et de la rue Leroy Moulin se trouve un superbe petit château de la fin du XIXème, reconnaissable avec ses deux poivrières à toit conique, sortes d’échauguettes placées en encorbellement de chaque côté de l’entrée principale.
C’est une « folie » comme on en trouve parfois en France c’est-à-dire une construction dont l’architecture extravagante est surprenante, presque anachronique. D’où son nom : le château de la Folie.
Cérafrance
Une autre usine est liée à l’histoire de Ferrières, et à celle des familles Desmarquest et Carré. En 1867, Alfred Desmarquest succède à la famille Leblond qui avait créé en 1804 à Saint-Samson-la-Poterie, dans l’Oise, un atelier de creusets. Ces récipients en argile réfractaire étaient utilisés pour fondre le verre destiné à de petites entreprises du village : les usines de polissage de verre optique Voisin et Pilain.
C’est en 1917 que Louis Desmarquest acheta à Jules Gervais, le long de la voie ferrée à Ferrières, des bâtiments désaffectés qui avaient abrité à la fin du XIXème siècle une fromagerie, berceau industriel de la société laitière des fermiers normands.
En 1942, Jean-Michel Desmarquest, le fils de Louis, développe la production des céramiques fines et des oxydes frittés destinés à la recherche nucléaire. En 1978, Lafarge, qui avait acheté l’entreprise en 1971, décide de se séparer de ses usines de réfractaires. C’est alors que la société CARRÉ, client depuis 1935, décide de relever le défi industriel et de reconvertir l’usine pour y regrouper différentes fabrications et de les diversifier…Une société est constituée « Carrelages et grès de Normandie ». En 1987, le groupe IMETAL achète la société CARRÉ. Cérafrance devient alors filiale de ce groupe (Cérafrance-Céramiques et Grès de Normandie). Fin 1991, le groupe IMETAL achète CEDONOSA puis REFRAL qui avec Cérafrance vont constituer le « Pôle Céramique Techniques ».
Le 6 janvier 2003, la société est rachetée par le groupe « Les Jolies céramiques Sans Kaolin », déjà propriétaire de la société CARRÉ. Elle fournit aujourd’hui la majorité du CAC 40 en pièces spéciales : ferrules pour Total ; filtres poreux pour Air Liquide ; palets de cuisson pour Essilor ; busettes pour Arcelor / Mittal, creusets pour les fonderies automobiles de Renault et Peugeot ; godets pour la SNECMA …
Le cidre Leroy-Moulin
On ne peut évoquer l’histoire de Ferrières sans parler de la Cidrerie. M Gavrel lui donna son nom quand il succéda en 1923 au premier propriétaire : Leroy-Moulin. Transformée en Société Coopérative en 1980, la Cidrerie du Conquérant commercialisait encore 10 millions de bouteilles de tous formats en 1986 !
Rachetée par la société Mignard, elle cessa toute activité en 1989.
Ferrières honorée de la croix de guerre 1939-1945
Le 8 avril 1951, la commune de Ferrières-en-Bray s’est vu attribuer la croix de guerre avec étoile d’argent pour son rôle pendant la guerre 1939-1945 avec la citation suivante :
A subi 29 bombardements, 22 immeubles ont été totalement détruits, 169 partiellement. A bien mérité de la patrie.
C’est naturellement à cause de l’importance de sa gare et de ses installations industrielles que Ferrières avait été l’objet des nombreux raids aériens.